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PrÉ-COMPRÉHENSION ETSAVOIRHISTORIQUE dans la théorie politique la plus récente.^ Cette valorisation de la micro-politique contre les formes «macro» de la politique libérale a une longue généalogie, dans laquelle on peut trouver, soit K. Marx, soit C. Schmitt, avant d’aboutir aux analyses micro-physiques du pouvoir de M. Foucault ou aux diagnostics des changements des sources, des niveaux et des technologies du pouvoir et de 1’organisation dans les sociétés omni-communicatives de la troisiéme révolution industrielle, décrits par A. Toffler. L’évolution la plus récente de Thistoriographie du Droit et des Institutions ne peut pas étre séparée, soit de 1’évolution des mouvements de la sensibilité politique décrits plus haut, soit de ces tournants plus récents de la reflexion politique. Les uns et les autres créent, en effet, des intéréts qui dirigent la connaissance ou, pour choisir une autre formulation, fagonnent une pré-compréhension du politique qui, en quelque sorte, prédispose les résultats de la démarche historiographique. Pourtant, on ne saurait dire qu’au cours de la fin des années soixante, quand le mouvement de contestation de I’historiographie juridico-politique traditionnelle a commencé, ces signes de dissolution des formes contemporaines de normation et de discipline fussent déjä ouvertement visibles. Et surtout on ne saurait leur attribuer I’origine du malaise de la vague la plus jeune de I’historiographie juridique de Pépoque. 51 2. La conscience de la rupture historique La critique de la «familiarité» avec laquelle I’historiographie juridique établie envisageait le passé a joué alors un role déterminant. Pour ceux qui avaient pris contact avec I’historiographie générale la plus moderne, notamment avec le mouvement des Annales, ce manque de distanciation historique était naturellement choquant. Mais il le devenait encore de plus, quand on réussissait a en deviner, sinon les intentions, du moins les conséquences profondes. Et c’est peut-etre sur ce point que le déclic «révolutionnaire» s’est produit. En effet, 1’idée d’une continuité, d’une généalogie, entre le Droit historique et le Droit du présent était rien moins qu’innocente, du point de vue de ses conséquences sur la politique du savoir (juridique). Car la continuité des ** Pour ne donner que deux exemples des routes dernieres années, venant d’horizons tout i fait opposes; P. Legendre, dans sa réflexion sur les racines anthropologiques des formes etatiques (depuis L'amour du certscur, 1974, jusqu’a Lcs enfants du textc. Étude sur Li fonction parcritale des États, 1992, et Trésor historique de I ’État en France. L’administration classique, 1992), pronostique «sa dissolution de 1’intérieur, laissant la place ä autre chose» (Trésor . . ., 13). Du cöté des théoriciens du management - dont le role «dogmatique» (i.e., légitimateur des rapports politiques établis) est situé par P. Legendre å cöté de celui du droit des États contemporains nous prenons I’exemple de A. Toffler qui voit dans les dislocations actuelles du pouvoir (powershift) le signe de I’avenement d’une nouvelle grande époque civilisationnelle, dominée par des formes moues et flexibles d’organisation {flex-organisations).

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