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benoît-michel tock & kurt villads jensen pitre de Valence; en Catalogne entre autres, les notaires ont tenu, à partir du milieu duXIVe s., des registres de testaments, qui comprenaient aussi des inventaires de biens. Lenombreet la variété des documents de cette«chaîne documentaire» augmentent évidemment avec le temps, mais aussi avec la distance. Au XVIe siècle se posait à l’Espagne le problème des décès en Amérique, loin, souvent, des archives et des héritiers: après ouverture du testament, il fallait des actes donnant procuration pour agir, un inventaire de biens, un acte notifiant la vente aux enchères de ceux-ci avec l’élaboration de comptes… ; lorsque les liens de parenté entre le testateur décédé et les héritiers potentiels n’étaient pas clairement établis, des actes pouvaient être demandés pour certifier ce qui n’était pas sûr. Plusieurs questions essentielles du point de vue de la diplomatique ont été soulevées. Les mots utilisés sont importants, cela va de soi: testamentum, mais manda au Portugal, à partir de carta mandationis. Testamentumaété pendant plusieurs siècles galvaudé au sens plus général d’ « acte écrit », et c’est auXIIe siècle, à la faveur de la renaissance du droit romain, qu’il retrouve son sens précis et primitif. Il serait par ailleurs utile de dresser une cartographie chronologique de la diffusion de l’expressiontestamentumcondere. Si nombre de testaments étaient écrits à la première personne du singulier, en style subjectif, il ne faut pas perdre de vue que le plus souvent c’était un professionnel de l’écrit, un notaire ou un scribe ecclésiastique, qui tenait la plume. En Catalogne par exemple, il est clair que c’est le notaire qui choisissait le préambule des testaments. Cette question est particulièrement intéressante dans le cas des testaments de notaires, qu’on a pu étudier en Italie centro-septentrionale où on les connaît à partir de la finduXIIIe siècle, ou au Portugal aux XIVe et XVe siècles. Il s’agit généralement d’actes notariaux, établis donc par un collègue du testateur, mais on voit parfois que ce dernier, à défaut de prendre la plume, prend la parole et compose lui-même une partie du testament. Une étude sur les nobles dames en Allemagne auxXIIIe–XVe siècles a montré que le processus commençait par des discussions entre le futur 625

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