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facing death at the royal chancery| la chancellerie royale face à la mort Les testaments de Jean et de Philippe Auguste, émis en 1216 et 1222, figurent tous deux au nombre des plus anciens testaments conservés sous forme originale dans leurs royaumes respectifs.52 Mais cette concomitance est trompeuse. En réalité, l’écart est sensible entre les deux royaumes: un seul autre testament royal anglais, celui de Richard II, nous est parvenu en original; à l’inverse, leurs homologues français nous sont presque tous parvenus sous cette forme au sein du Trésor des chartes, certains étant même conservés en plusieurs exemplaires originaux.53 Les conditions de cet archivage d’une remarquable efficacité demeurent inconnues jusqu’ aux années 1320; à cette date, un inventaire décrit deux scrinia qui contiennent, l’un le testament de Philippe le Bel et de sa femme, l’autre des “testaments et copies de testament de plusieurs rois de France” antérieurs à Philippe le Bel.54 À partir du règne de CharlesV, l’ensemble est réuni sous une cote unique, conservant les testaments des rois, des reines etaliorum regalium.55 L’habitude a donc été prise précocement de déposer dans les archives royales non seulement les testaments des souverains, mais aussi ceux des reines et de certains princes du sang. En conséquence on ne peut identifier aujourd’hui que peu de lacunes dans la documentation: un ou plusieurs testaments éventuels de Louis IX, antérieurs à celui de 1270 et éliminés après avoir été remplacés;56 celui de Philippe VI, peutêtre dressé avant l’avènement du roi, ce qui expliquerait son absence du Trésor des chartes et sa disparition;57 enfin le premier testament de Charles VI, qui, rédigé dans la précipitation, n’a peut-être jamais été finalisé et est conservé sous forme de minute par l’intermédiaire du chroniqueur 396 52 Church 2010, p. 510 et Smith 2015, pp. 25–26. 53 On compte deux originaux du testament de Philippe IV en 1297 et trois de celui de 1311, sans que les raisons de cette multiplication d’exemplaires soient élucidées. 54 Delaborde 1909, p. LXXIII, no 61–62. Le même ensemble est mentionné dans un inventaire des années 1330, qui n’évoque aucun testament postérieur à ceux de Philippe le Bel (ibid., p. LXXIX). 55 Ibid., p. CL, no 269. 56 Moufflet 2024, pp. 343–344. 57 Le testament est mentionné dans le codicille dressé en 1339. Archiver les testaments

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