facing death at the royal chancery| la chancellerie royale face à la mort qui ont présidé à sa rédaction. Le même constat s’impose de l’autre côté de la Manche, si l’on considère le testament de Philippe Auguste, manifestement réalisé sur le vif, sous la dictée du roi: Marc Smith a souligné combien son écriture est informelle, sa mise en page grossière et sa rédaction dépourvue de logique.10 Ces premières réalisations, bien qu’elles soient de qualité inégale, n’en posent pas moins les fondements des pratiques ultérieures. Bientôt, les testaments royaux gagnent en uniformité, sous l’influence d’un style de chancellerie qui se normalise et, plus encore, sous l’effet des modèles antérieurs qu’ils imitent: ceux-ci, pourvus qu’ils soient aisément accessibles aux clercs chargés de mettre en forme les volontés royales, leur offrent une source d’inspiration commode. C’est ainsi que le testament de Louis VIII reprend nombre de caractéristiques de celui de son père, en particulier son scellage clos. En 1270, ce mécanisme d’imitation prend toute son ampleur en France: en quelques mois, dans le contexte de la croisade de Tunis, Louis IXexpédie trois actes testamentaires, suivis bientôt par le testament de son fils PhilippeIII. Au fil de ces quatre actes, les clercs de la chancellerie établissent quelques usages qui tranchent sur les réalisations antérieures, vieilles d’un demi-siècle. Pour ce faire, ils empruntent avant tout au formulaire des lettres patentes sur double queue, tel qu’ils le pratiquent désormais couramment – sans pour autant s’y conformer de manière rigoureuse11 – et ils scellent leurs productions du grand sceau royal en cire brune sur double queue.12 Cette structure formelle constitue désormais un modèle, que fortifient l’usage et, plus encore, le prestige conféré par l’exemple de saint Louis.13 Par la suite, seuls deux testaments y échappent, sous la pression des circonstances extérieures.14 Ce modèle connaît par ailleurs quelques ajuste388 10 Smith 2015. 11 À l’exception du dernier codicille de Louis IX, tous les actes s’ouvrent sur une invocation, d’ordinaire réservée par la chancellerie aux diplômes. Autre écart au formulaire des lettres sur double queue : le testament de Philippe III comporte une clause de corroboration perpétuelle plutôt que probatoire; quant au dernier codicille de Louis IX, il n’en possède aucune. 12 Pour une description du testament de Louis IX, voir Moufflet 2024, pp. 344–346. 13 Ibid., pp. 351–352. 14 Le testament de Jean le Bon est établi durant sa captivité à Londres et le premier testa-
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